DISCOURS D’ADIEU DE GBÊHANZIN

Né en 1845, Gbêhanzin devient roi du Danhomé le 6 janvier 1890. Il envoie ses troupes sur Porto-Novo qui avait conclu un accord de protectorat avec la France et annule l’accord autorisant la France à percevoir des droits de douane à Cotonou. Il se lance dans une bataille contre les envahisseurs français dans le but de les déloger de la terre de ses ancêtres. Mais plus les jours se succédaient, le nombre de morts parmi ses troupes s’élargissait. Il décide d’aller rencontrer le chef des blancs pour discuter de chef à chef.

  Compagnons d’infortune, derniers amis fidèles, vous savez dans quelles circonstances, lorsque les Français voulurent accaparer la terre de nos aïeux, nous avons décidé de lutter.
Nous avions alors la certitude de conduire notre armée à la victoire. Quand mes guerriers se levèrent par millier pour défendre le Danhomè et son roi, j’ai reconnu avec fierté la même bravoure que manifestaient ceux d’Agadja, de Tégbessou, de Ghézo et de Glèlè. Dans toutes les batailles, j’étais à leurs côtés.
Malgré la justesse de notre cause, et notre vaillance, nos troupes compactes furent décimées en un instant. Elles n’ont pu défaire les ennemis blancs dont nous louons aussi le courage et la discipline. Et déjà, ma voix éplorée n’éveille plus d’écho.
Où sont maintenant les ardentes amazones qu’enflammait une sainte colère ?
Où, leurs chefs indomptables : Goudémè, Yéwê, Kétungan ?
Où, leurs robustes capitaines : Godogbé, Chachabloukou, Godjila ?
Qui chantera leurs splendides sacrifices ? Qui dira leur générosité ?
Puisqu’ils ont scellé de leur sang le pacte de la suprême fidélité, comment accepterais-je sans eux une quelconque abdication ?
Comment oserais-je me présenter devant vous, braves guerriers, si je signais le papier du Général ?
Non ! À mon destin je ne tournerai plus le dos. Je ferai face et je marcherai. Car la plus belle victoire ne se remporte pas sur une armée ennemie ou des adversaires condamnés au silence du cachot. Est vraiment victorieux, l’homme resté seul et qui continue de lutter dans son cœur. Je ne veux pas qu’aux portes du pays des morts le douanier trouve des souillures à mes pieds. Quand je vous reverrai, je veux que mon ventre s’ouvre à la joie. Maintenant advienne de moi ce qui plaira à Dieu ! Qui suis-je pour que ma disparition soit une lacune sur la terre ?
Partez vous aussi, derniers compagnons vivants. Rejoignez Abomey où les nouveaux maîtres promettent une douce alliance, la vie sauve et, paraît-il, la liberté. Là-bas, on dit que déjà renaît la joie. Là-bas, il paraît que les Blancs vous seront aussi favorables que la pluie qui drape les flamboyants de velours rouge ou le soleil qui dore la barbe soyeuse des épis.
Compagnons disparus, héros inconnus d’une tragique épopée, voici l’offrande du souvenir : un peu d’huile, un peu de farine et du sang de taureau. Voici le pacte renouvelé avant le grand départ.
Adieu, soldats, adieu !…
Guédébé…reste debout, comme moi, comme un homme libre. Puisque le sang des soldats tués garantit la résurrection du Danhomè, il ne faut plus que coule le sang. Les ancêtres n’ont plus que faire de nos sacrifices. Ils goûteront mieux le pur hommage de ces cœurs fidèles unis pour la grandeur de la patrie.
C’est pourquoi j’accepte de m’engager dans la longue nuit de la patience où germent des clartés d’aurore.
Guédébé, comme le messager de la paix, va à Ghoho où campe le général Dodds.
Va dire au conquérant qu’il n’a pas harponner le requin.
Va lui dire que demain, dès la venue du jour, de mon plein gré, je me rends au village de Yégo.
Va lui dire que j’accepte, pour la survie de mon peuple, de rencontrer dans son pays, selon sa promesse, le président des Français.

Extrait du Kondo le requin de Jean PLYA

Hélas, Dodds n’a pas respecté sa promesse de permettre à Gbèhanzin de rencontrer le président français pour savoir les raison qui poussent ce dernier à vouloir s’accaparer de la terre de ces ancêtres. Le seul but de Dodds s’était d’éloigner le roi de la terre de ces ancêtres pour pouvoir pour établir son autorité. Car tant que le roi sera là, le Danhomè ne sera jamais une colonie française vu que les pouvoirs de l’homme sur la terre de ces ancêtres le rendaient surhumain.

Pour preuve, lorsqu’il était sur le bateau devant le conduire en France, il demanda aux fraçais de faire demi-tour pour qu’il aille régler un dernier détail avant de partir mais les français se sont opposés à cela et aussitôt le bateau tombe en panne. Les techniciens français ont essayé de réparer le bateau en vain. Il a fallu qu’il décide de respecter la demande de Gbèhanzin de retourner sur sa terre avant de continuer le chemin pour que le bateau fonctionne à nouveau.

Finalement, Gbèhanzin fut déporté en Martinique et ne retournera sur la terre de ses ancêtres qu’après sa mort. Il est mort en Algérie le 10 décembre 1906.

Le Danhomè( dans le ventre du serpent) et plus tard connu sous le nom de Dahomey et regroupant également d’autres royaumes qui se trouvaient à proximité de ce premier est actuellement appelé la république du Bénin.
la statue de Gbêhanzin a été érigée à l’entrée de la ville d’Abomey (ancien Danhomè)

Dah Minwicodji

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