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[CULTURE] QUAND LA ROCHELLE COLONISAIT LA COTE D’IVOIRE

Les éléphants ont de la mémoire. Ceux du monument de la place de Verdun rappellent le souvenir de trois Rochelais, pionniers de la présence française en Côte d’Ivoire .

Les Rochelais le connaissent sous son nom d’emprunt : le monument aux éléphants. Ils n’ont pas tort puisque deux éléphants sculptés de profil se font face. Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans les trois personnages figés dans la pierre qui les séparent.

Par ordre d’entrée en scène : Arthur Verdier, Amédée Brétignère, Marcel Treich-Laplène. Le premier est né à La Rochelle, le deuxième y est mort, le troisième a bourlingué de la Corrèze au Zambèze. Ensemble, ils ont été les pionniers de la présence française en Afrique occidentale et plus particulièrement en Côte d’Ivoire. C’était durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Le monument aux éléphants, planté à deux pas de la place de Verdun, témoigne de ce passé « glorieux ». On le doit à l’architecte Pierre Griset. Il a été érigé en 1937 pour le cinquantenaire du premier comptoir français créé par Arthur Verdier à Grand-Bassam, la ville qui allait devenir plus tard la capitale du « territoire de la Côte d’Ivoire » sous gouvernorat français.

Couleur café
Arthur Verdier est un aventurier. Né en 1835, fils d’un négociant rochelais ruiné, il embarque comme mousse sur un navire américain, le « New World ». Il finira capitaine de vaisseau.

À 28 ans, de retour à La Rochelle, il fait comme papa. Il arme une goélette chargée de pacotilles et se lance dans le commerce avec l’Afrique de l’Ouest. À Grand-Bassam, il est accueilli par un autre Rochelais, le lieutenant de vaisseau Desnouys, un ami de la famille.

Grâce au soutien financier de Wladimir Mörch, alors président de la Chambre de commerce et d’industrie, il fonde un premier comptoir. Ses voiliers font jusqu’à quatre allers-retours par an entre La Rochelle et la Côte d’Ivoire.

Vient la guerre de 1870. La France abandonne ses territoires de l’ouest africain, pour le plus grand bonheur des Anglais qui, eux, tiennent la Gold Coast (l’actuel Ghana).

Arthur Verdier résiste. Il maintient contre vent et marée la présence française, alors que les Britanniques soumettent l’Assinie – où il s’est installé – à un blocus qui lui cause de grosses pertes financières.

En 1880, les affaires reprennent. Le Rochelais obtient du roi Amatifou les droits exclusifs sur la culture du café. Avec Amédée Brétignère, son jeune fondé de pouvoir, il fait défricher 100 hectares de forêt vierge pour créer la première plantation de Côte d’Ivoire.

« Amer et découragé »
C’est là qu’intervient Marcel Treich-Laplène. Ce jeune maître d’études du lycée Dautet rêve des colonies. Arthur Verdier le recrute et l’envoie en mission à l’intérieur du pays pour négocier un protectorat avec les chefs locaux. En 1889, la France a la main sur toute la (future) Côte d’Ivoire. Treich-Laplène succède à Verdier comme « Résident de France » et… meurt, épuisé, l’année suivante.

Quant à Arthur Verdier, il sera bien mal payé de ses efforts. Lui qui s’est battu 32 ans pour maintenir l’influence tricolore, a lancé la culture du café, créé la première école française du pays, se voit dépossédé de sa concession en 1895 par le ministre des Colonies parce qu’il fait de l’ombre à d’autres coloniaux mieux en cour. Il meurt en 1898 « amer et découragé », selon ses biographes (1).

La Chambre de commerce et d’industrie de La Rochelle a toujours soutenu Arthur Verdier dans ses affaires. Elle participe en 1937 au financement du monument de la place de Verdun initié par le Comité de propagande coloniale. C’était six ans après « Tintin au Congo ».

(1) « Arthur Verdier, 35 années de lutte aux colonies », publié aux éditions Léon Chailley, 1896 ; Chambre de commerce et d’industrie de La Rochelle.

source: http://www.sudouest.fr/2010/12/08/quand-la-rochelle-colonisait-la-cote-d-ivoire-261457-1391.php

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