• Accueil
  • >
  • ACTUALITÉ
  • >
  • [CULTURE] PATRIMA : « DANS MES CHANSONS, JE DÉFENDS LA CAUSE DES FEMMES AFRICAINES »

[CULTURE] PATRIMA : « DANS MES CHANSONS, JE DÉFENDS LA CAUSE DES FEMMES AFRICAINES »

 

Avec ses deux albums, la chanteuse Patrima est l’une des voix qui comptent en Guinée équatoriale. Cette jeune femme de 37 ans, toujours souriante, dénonce dans ses textes les ravages de la polygamie et d’autres problèmes auxquels sont confrontées les femmes de son pays.

 
Quel est votre style musical ?
C’est le machacando, une musique traditionnelle typique de la Guinée équatoriale, même si on peut la retrouver ailleurs dans le monde hispanophone ou dans les pays frontaliers, comme le Gabon. Elle puise ses racines dans des cultures très diverses.
C’est un style posé, que je qualifierais de responsable parce qu’il est entraînant et pas agressif. Il y a du piano, de la guitare, de la basse et évidemment du chant. Le machacando est aussi la musique de Maélé, le plus grand chanteur équato-guinéen. Il a bercé toute mon enfance.

 
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos textes ?
Je défends la cause des femmes, qui n’ont souvent pas les mêmes droits que les hommes en Afrique, et qui sont régulièrement victimes de violences conjugales. Pour moi, on ne peut donner aucune excuse à un homme qui frappe son épouse ! Je dénonce aussi la polygamie qui fait naître des tensions entre les femmes et les rend jalouses entre elles. Parce que, quand plusieurs femmes partagent le même mari : une seule est « l’officielle » !
En espagnol [la langue officielle du pays] et en fang [la langue de l’ethnie bantoue, que l’on retrouve notamment au Gabon et au Cameroun], je raconte leur sort afin qu’elles deviennent responsables d’elles-mêmes, qu’elles apprennent à s’assumer, à se défendre et à s’émanciper. L’indépendance de la femme ne se donnera pas, il faut l’arracher ! On ne peut pas forcer une personne à en aimer une autre. Quand il n’y a plus de sentiments, il faut avoir le courage de partir.
Dans mon premier album, il y a un titre qui s’appelle « Lo siento ». Cela se traduit en espagnol par « Je suis désolée ». Elle raconte l’histoire d’une femme qui décide de se venger de son mari, parce qu’il la méprise et la délaisse. Alors elle l’ignore à son tour ainsi que toute sa famille. Elle nargue ainsi son homme en lui disant : « Je suis désolée mais je fais comme bon me semble », sous-entendu « Je te fais subir ce que tu me fais subir… »
Lire aussi : De Malabo à Bata, à bord du « San Valentin »

 
La politique est-elle parfois abordée ?
Non, je n’en parle pas. La politique ne m’inspire pas. Je vote comme n’importe quelle citoyenne, mais c’est tout. Le combat politique n’est pas le mien. Ma cause est celle des femmes africaines.
Comment se porte la culture équato-guinéenne aujourd’hui ?
Je trouve qu’elle a un peu tendance à disparaître. Les radios et les télévisions devraient diffuser plus de musique traditionnelle, afin que les jeunes connaissent leurs racines. À la télévision, on ne voit quasiment que des clips américains ou nigérians, puisque ces derniers ont tendance à s’en inspirer. On y voit des filles dévêtues en train de se trémousser autour d’un chanteur qui jette des billets de banque dans une piscine ou un jacuzzi… Ce n’est pas la société africaine ! Il serait temps de montrer autre chose, de faire-valoir notre propre culture auprès des jeunes. On doit réussir à susciter l’intérêt et la curiosité des autres continents.
La Guinée équatoriale organise jusqu’au dimanche 8 février la Coupe d’Afrique des nations.

 

Qu’a-t-elle apporté à votre pays ?
Au niveau de l’organisation, on a réussi à organiser cette compétition en moins de deux mois et cela est un véritable exploit. Ensuite, nous sommes très contents parce que le Nzalang [l’équipe nationale] fait un beau parcours. Elle se retrouve en demi-finale, et c’était inespéré. Au sein de la population, cela a créé de la solidarité et je trouve que les gens se sont rapprochés. Certains patrons ont même ouvert des « comptes libres » en discothèque pour que les gens puissent boire quelques verres gratuitement… C’est plutôt sympa, non ?
Certes, mais il n’y avait pas penalty contre la Tunisie…
Je ne suis pas spécialiste. Mais si l’arbitre a tranché en notre faveur, c’est donc qu’il y avait penalty ! C’est de toute façon un débat sans fin qu’on ne pourra jamais arrêter…

 

Source : http://www.lemonde.fr/…/patrima-dans-mes-chansons-je-defend…

Commentaires

commentaires

  • facebook Facebook
  • googleplus GooglePlus
  • twitter Twitter
  • linkedin Linkedin
  • linkedin Telegram
Précédent «
Suivant »