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[CULTURE] L’HISTOIRE DE L’ESCLAVAGE DES NOIRS À MONTRÉAL

Ainsi, peut-on apprendre que l’université au centre de la métropole, l’Université McGill qui porte le nom de l’écossais James McGill, qui émigre au Canada vers 1766 pour devenir plus tard magistrat de la ville Montréal, possédait et trempait activement dans le commerce d’esclaves noirs. Quoiqu’il signa en 1787 un document pour mettre fin graduellement à l’esclavage alors qu’il possédait déjà une Louise, l’année suivante, il jouirait des services d’une Sarah. Ces activités déshumanisantes ne sont pourtant pas choses anodines à cette époque, le Montréalais, qu’il soit homme d’affaires, d’État ou religieux (chrétiens et juifs) s’y compromet allègrement.

Dans une terre où l’hiver domine la météo une bonne partie de l’année, le servage des Noirs n’était pas aussi brutal qu’aux champs des États-Unis. L’aversion du Noir pour les Blancs du Québec en freina l’exploitation. Dans l’ouvrage « Done with Slavery The Black Fact in Montreal » de Don Mackey, Marianne Tison, née Normandeau qui quitta Montréal pour Saint-Louis autour de 1789 prétend dans un procès de libération d’esclaves: « les gens préféraient être servis par des personnes de la même couleur qu’eux ». Ajoute l’auteur «L’esclavage était choquant, non pas parce qu’il avilissait les Noirs, mais parce qu’il requérait leur présence. »

Le premier esclave recensé, Olivier le Jeune arrive à Québec en 1628. A cette époque les Blancs ne se tourmentaient pas de cadre législatif et opéraient comme s’ils avaient naturellement le droit de réduire en esclavage le Noir et l’Amérindien. Malgré l’abolissement de l’esclavage chez les Britanniques (1759-1833), sa pratique dans la colonie persiste devant l’incapacité des esclaves à contester leurs asservissements devant les tribunaux.

Par contre, on rapporte une vie moins brutale pour les esclaves montréalais comparativement a ceux des régions du Sud. D’ailleurs le 24 mars 1761 un homme libre, Louis Antoine né esclave a Saint-Domingue, libre depuis quatorze ans, accepte volontairement de devenir l’esclave du marchand montréalais Dominique Gaudet dans le but d’épouser Catherine Baraca, 15 ans, le bien meuble de ce dernier. On peut croire aussi que les sévices corporels étaient moins importants, sinon plus encadrés juridiquement. L’histoire de Jacob en témoigne. Prétendant être libre, Jacob attaqua son prétendu maître, Samuel Judah, un juif. Pour toute réponse Judah déposa une plainte devant les autorités par une accusation de voie de fait contre Jacob plutôt que de le punir lui-même. Jacob fut brièvement emprisonné jusqu’à ce que quelqu’un se porte garant de sa bonne conduite.

En 1785 le docteur Adam Mabane est premier législateur canadien a réclamé une loi pour mettre fin a l’esclavage dans la Province of Quebec. Un projet qui fut reporté sous le poids des hommes d’affaires de Montréal.

On peut retracer l’activité du commerce d’esclaves à de nombreuses occasions. Exemple, le 29 mars 1787 un distillateur montréalais, un prolifique vendeur d’esclaves, John Lagord vendit Cynda, une fillette noire de 10 ans pour 750 livres à Pierre Fafard. La dernière vente date du 22 janvier 1798 « Une excellente jeune négresse âgée d’une trentaine d’année…. S’adresser à l’imprimerie » Cette esclave devait s’appeler Charlotte. Native de l’Afrique, elle s’enfuit de chez sa maîtresse, fut arrêtée et relâchée par la décision du juge en chef de la cour du banc du roi de Montréal, James Monk, sans ordre de retourner chez sa maitresse. Elle épousera un jardinier du nom de John Trim, un ancien esclave. Ils demeureront dans une maison achetée par celui-ci, rue Saint-Augustin (qui deviendra rue McGill) et auront même une domestique haïtienne nommée Catherine Guillet.

Cette ordonnance de James Monk, a qui une station du métro de Montréal lui sera consacrée en 1978, donne du cran aux esclaves montréalais. Les propriétaires d’esclaves diront « les Nègres dans la Cité et District de Montréal menacent d’une révolte générale. » Judith, une autre esclave fuit son maître, pour être finalement libérée par Monk. Le mouvement continu et les Noirs délaissent leurs servitudes, et ce, malgré les poursuites incessantes des pseudopropriétaires qui se font débouter en justice. Ceci amènera l’effondrement du marché local des esclaves. Les dernières transactions et fuites d’esclaves à Montréal sont recensées vers 1799.

Mais les esclavagistes ne capitulèrent pas. Joseph Papineau, propriétaire d’esclave, a qui ont a dédié également une station de métro en 1966, se chargea de présenter les fondements juridiques de l’esclavage dans la colonie a la Chambre de l’assemblée. Des propositions qui allaient heureusement mourir de leur belle mort en 1803 alors que la ville Montréal comptait environ 9000 âmes.

Au début du 19e siècle, la ville de Montréal comptait environ 400 Noirs qui avaient été sous le joug de la servitude à un moment ou un autre dans leur vie, dont une quarantaine le demeurait encore au sein de la plus importante ville francophone des Amériques.

L’esclavage disparut comme une mode disparaît, tranquillement, sans tambour ni trompette. Pas de dédommagement pour les propriétaires, pas d’aide aux esclaves libéré. Ce non-lieu légal contribua sûrement à l’amnésie générale qui allait asphyxier ce pan notable et obscur de l’histoire montréalaise que chacune des parties désirait oublier.

Source :

http://lencrenoir.com/fenetre-sur-lhistoire-de-lesclavage-des-noirs-a-montreal/

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