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[CULTURE] LE 29 DÉCEMBRE 1815 LA « VENUS HOTTENTOTE DÉCÉDAIT A PARIS

Saartjie Baartman, de son vrai nom Sawtche, surnommée la « Vénus hottentote », serait née aux abords de la Gamtoos River (Cap-Oriental) aux alentours de 1789 dans l’actuelle Afrique du Sud au sein du peuple Khoïkhoï (Khoïsan), le plus ancien de la région sud de l’Afrique. Elle meurt à Paris le 29 décembre 1815.

Son histoire, souvent prise pour exemple, est révélatrice de la manière dont les Européens considéraient à l’époque ceux qu’ils désignaient comme appartenant à des « races inférieures1 ». Elle symbolise également la nouvelle attitude revendicative des peuples autochtones quant à la restitution des biens culturels et symboliques ainsi que des restes humains qui figurent dans les musées du monde entier.
Esclave avec ses frères et sœurs dans un kraal voisinant la ferme de son baas, l’Afrikaaner Peter Caesar puis en 1807 de son frère Hendryck Caesar, elle est emmenée par ce dernier en Europe, à Londres, en 1810 où on la baptise du nom de Saartjie (petite Sarah en Afrikaneer) Baartman avec l’autorisation spéciale de l’évêque de Chester. Elle y raconte qu’elle a été mariée à un Khoïkhoï dont elle a eu deux enfants. Vendue, elle devient phénomène de foire de par sa morphologie hors du commun : hypertrophie des hanches et des fesses (stéatopygie), organes génitaux protubérants (macronymphie). Elle est exposée en Angleterre (l’entreprise d’exposition est menée par le chirurgien de marine Alexander Dunlop qui a convaincu son ami Hendryck Caesar de s’y associer), en Hollande puis en France en 1814 par un certain Taylor puis le montreur d’animaux exotiques Réaux qui fait payer 3 francs pour la voir et plus pour la toucher. Elle devient par la suite objet sexuel (prostitution, soirées privées) et tombe dans l’alcoolisme1.

En mars 1815, le professeur de zoologie et administrateur du Muséum national d’histoire naturelle de France, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, demande à pouvoir examiner « les caractères distinctifs de cette race curieuse ». Après le public des foires, c’est devant les yeux de scientifiques et de peintres qu’elle est exposée nue, transformée en objet d’étude. Peu de temps plus tard, le rapport qui en résulte compare son visage à celui d’un orang-outang, et ses fesses à celles des femelles des singes mandrills.

VVV

Georges Cuvier, zoologue et anatomiste comparatif, estime que Saartjie est la preuve de l’infériorité de certaines races. Peu après sa mort, il entreprend de la disséquer au nom du progrès des connaissances humaines. Il réalise un moulage complet du corps et prélève le squelette ainsi que le cerveau et les organes génitaux qu’il place dans des bocaux de formol. En 1817, il expose le résultat de son travail devant l’Académie nationale de médecine. On estime de nos jours que ce rapport témoigne des théories racistes et des préjugés de l’époque : « Aujourd’hui que l’on distingue les races par le squelette de la tête, et que l’on possède tant de corps d’anciens Égyptiens momifiés, il est aisé de s’assurer que quel qu’ait pu être leur teint, ils appartenaient à la même race d’hommes que nous; qu’ils avaient le crâne et le cerveau aussi volumineux ; qu’en un mot ils ne faisaient pas exception à cette loi cruelle qui semble avoir condamné à une éternelle infériorité les races à crâne déprimé et comprimé »1,2. Cuvier décrit du reste Mme Baartman comme une dame sauvagesse de qualité, parlant trois langues et bonne musicienne.

Le moulage de plâtre et le squelette sont exposés au musée de l’Homme à Paris. Ce n’est qu’en 1974 qu’ils furent retirés de la galerie d’anthropologie physique et relégués finalement dans les réserves du musée (le moulage étant encore resté exposé durant deux ans dans la salle de Préhistoire).

En 1994, quelque temps après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, les Khoïkhoï font appel à Nelson Mandela pour demander la restitution des restes de Saartjie afin de pouvoir lui offrir une sépulture et lui rendre sa dignité. Cette demande se heurte à un refus des autorités et du monde scientifique français au nom du patrimoine inaliénable de l’État et de la science. Ce n’est qu’en 2002, après le vote d’une loi spéciale, que la France restitua la dépouille à l’Afrique du Sud (voir aussi Affaire des têtes maoris).

Le 9 mai 2002, en présence du président Thabo Mbeki, de plusieurs ministres et des chefs de la communauté Khoikhoï, la dépouille, après avoir été purifiée, fut placée sur un lit d’herbes sèches auquel on mit le feu selon les rites de son peuple.

Source: wikipédia

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