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[CULTURE] JOSÉ ANTONIO APONTE, UN RÉVOLUTIONNAIRE YORUBA À CUBA

Dans la très riche histoire écrite par les Afrodescendants dans les Amériques où ils furent déportés par la traite négrière transatlantique, une galerie foisonnante et méconnue de portraits de héros et d’authentiques révolutionnaires reste à dépoussiérer. Elle fournirait et raviverait les imaginaires nègres de l’émancipation, pourvoirait les générations actuelles en valeurs fortes et élevées au service de l’engagement pour une cause. Elle conforterait de plus la notion de bien commun, et faciliterait l’appropriation de l’histoire étayée des vigoureuses solidarités nègres qui ont marqué le passé. José Antonio Aponte, héros et martyr de la première grande tentative de reversement de l’ordre colonial à Cuba en 1811-1812 est de ces figures à revisiter.

José Antonio Aponte est un Africain de Cuba, affranchi, de la nation Yoruba [appelée Lucumi à Cuba] laquelle comptait beaucoup d’esclaves dans cette île et dont les membres pratiquaient souvent, à la sueur de leurs efforts et de la qualité reconnue de leur travail, l’affranchissement de leurs compatriotes. Ce charpentier était un grand prêtre de la Santeria, Ogboni de son état, c’est à dire membre d’une puissante société secrète Yoruba.
Alors qu’en 1810 Cuba comptait environ 600 000 habitants, 274 000 blancs, 109 000 noirs libres et 217 000 esclavES, Aponte jouissait d’une grande aura auprès des populations afrodescendantes de tous statuts. Autodidacte, il se passionne pour la révolution haïtienne, le rôle de Toussaint Louverture et en épouse les idéaux.

José Antonio Aponte organisa la plus grande révolte d’esclaves s’étendant d’Holguin à Bayamo, qui allait marquer et inspirer jusqu’aux générations futures de combattants contre le système colonial et pour l’indépendance, parmi lesquelles des Afrodescendants illustres tels que le généralissime Antonio Maceo.

Aponte avait réussi à fédérer esclaves et Affranchis, généralement petits propriétaires terriens pour ces derniers qui prenaient fait et cause pour leurs frères dans les fers dans une lutte trans-ethnique où se retrouvaient Yoruba, Mandingues, Minas, Congos, et autres esclaves noirs et mulâtres en provenance de Saint-Domingue, de Jamaïque. Mieux, Haïti, qui à cette époque se battait contre la poursuite de la traite négrière en dehors de son territoire en libérant des captifs, arraisonnant des navires, allait offrir son concours à Aponte.

La grande peur des colons face à la démographie des Africains majoritaires sur l’île les poussa à une réaction sans pitié une fois que fut découvert l’auteur de la conspiration. Celui-ci fut pendu en 1812 et sa tête fut exhibée à la Havane. Heureusement le «mal» était fait, les graines de la révolution qui avait poussé à Haïti étaient à jamais semées à Cuba et plusieurs insurrections allaient suivre celle de Aponte. Ses objectifs, la fin du système esclavagiste, la fin de la tyrannie coloniale, la fin de la traite négrière et l’indépendance constitueraient le fil conducteur des luttes futures.

Malgré son échec, cette tentative de renversement du système esclavagiste montre à la fois l’impact décalé sur les Amériques de la lutte historique des Haïtiens, la force du partage des expériences victorieuses, la solidarité des Africains et Afrodescendants libres ou affranchis, et l’enracinement culturel, traditionnel des grands mouvements libérateurs menés par les Afrodescendants.

Source :
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1946

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