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[CULTURE] CHARLES RICHARD DREW (1904 -1950) : LE PÈRE DE LA TRANSFUSION SANGUINE

Le père du Docteur Drew était poseur de tapis et sa mère, institutrice. La précarité de la situation financière de la famille poussa Drew, alors âgé de douze ans, à aider ses parents en vendant des journaux. Il acheva ses études à la Stevens Elementary School en 1918 et fut diplômé de la Dunbar High School en 1922. Cette même année, il entra au Collège d’Amherst où il excella en football (américain). Il devint la vedette de son équipe et on lui décerna le trophée Howard Hill Mossman destiné à récompenser les efforts de quiconque, au collège, a manifesté le plus de talent en athlétisme. Mais Drew caressait un autre rêve celui d’être médecin.

Frais émoulu du collège d’Amherst, il travailla deux ans (1926 1928) au Morgan State Collège comme directeur d’athlétisme et professeur de biologie Ayant été refusé par l’école de médecine de Howard University, il s’adressa à l’Université McGill (Montréa) qui l’accepta. Il ne manqua pas d’y attirer l’attention. Son professeur d’anatomie, M John Beattie, suscita son intérêt pour le problème de la transfusion sanguine. Cependant, au bout de trois ans, Charles R Drew commenca à éprouver des difficultés financières. Boursier de la Julius Rosenwald Foundation, il parvint à terminer ses études. Il sortit second de sa classe de 137 étudiants. Il passa un an comme interne à l’hôpital général de Montréal (Quèbec). Durant son séjour à Montréal, il continua toujours à collaborer avec le professeur britannique John Beattie. En 1935, il retourna à l’école de médecine de Howard University pour enseigner la pathologie. En 1940, il obtint son doctorat en médecine à l’Université de Columbia.

Sa thèse avait pour titre  » Banked Blood A study in Blood Preservation ». Cette étude est décrite par le D’ Scudder, spécialiste en la matière, comme « un travail monumental et un guide pour la création des banques du sang ». Il faut dire que si Charles R. Drew a pu mener à bien ses recherches sur le sang, c’est grâce à une bourse que lui avait octroyée le Conseil général de l’Éducation de la Fondation Rockefeller.

Pour mieux faire ressortir l’importance de l’apport du D` Charles R. Drew à l’avancement de la recherche sur le sang, il convient de brosser, même à grands traits, le tableau des connaissances dans ce domaine en ce temps. Dans la première moitié du XXe siècle, la science, malgré des progrès remarquables, n’avait pas pénétré tous les secrets de ce précieux liquide qu’est le sang. Par exemple, le D’Alexis Carrel, prix Nobel 1912 et auteur de L’homme, cet inconnu, avait jeté les bases des études ultérieures sur la transplantation des vaisseaux sanguins et des organes. On sait également que l’autrichien Karl Landsteiner, prix Nobel de médecine en 1930, surnommé le père de l’immunologie sanguine, avait déterminé les groupes sanguins O, A, B, AB. Cette découverte a rendu possible la transfusion du sang. Mais l’un des problèmes majeurs qui se posaient consistait dans la conservation de ce liquide qui, en dehors du corps, se détériore rapidement. Drew focalisait son attention sur les facteurs physiques, chimiques, biologiques, susceptibles d’engendrer l’altération du sang. Il s’aperçut que le plasma sanguin se prêtait beaucoup mieux au stockage. On entend par plasma la portion liquide du sang débarrassé des cellules.

L’avantage que présentait l’usage du plasma était la résolution du problème d’incompatibilité. Autrement dit, on n’était plus obligé de prendre en considération à la fois le groupe sanguin du donneur et celui du receveur. L’importance de la découverte de Drew se mesure à l’urgence de la nécessité de la transfusion sanguine à cause de la deuxième guerre mondiale. Les principaux belligérants (France, Angleterre, États Unis, Canada) avaient un besoin crucial de sang. Donc, il fallait non seulement transfuser, mats surtout conserver le sang. En 1940, la Blood Transfusion Association convoqua en toute hâte une réunion à laquelle participèrent les docteurs Alexis Carrel et Karl Landsteiner. Charles R. Drew réussit w convaincre les participants de la pertinence du choix du plasma au lieu du sang pour la transfusion. Selon lui, cette méthode se révélait plus pratique et efficace.

En collaboration avec le D’ Scudder, il établit en 1939 la banque du sang du Presbyterian Hospital de New York. Un an plus tard, Drew retourna à l’école de médecine de Howard où il enseigna la chirurgie. Entretemps, la « Blood Transfusion Association » offrit son concours à la Grande-Bretagne toujours en guerre. Ainsi fut créé le projet appelé « Blood for Britain ». Le D’ John Beattie, directeur de recherche aux laboratoires du collège royal des chirurgiens en Angleterre, sollicita les services de Drew pour que celui ci organise l’expédition de plasma sanguin vers ce pays. Le D’ Charles R. Drew prit les dispositions nécessaires à la réalisation de ce projet auquel la Croix Rouge Américaine s’associa. Et vers la fin de l’année 1940, la Grande Bretagne était en mesure de gérer ses propres banques du sang Par la suite, la Croix Rouge Américaine décida d’élaborer un programme national de collecte de sang réservé aux forces armées américaines. Le directeur en fut nul autre que Charles R. Drew.

Tout allait bien jusqu’à ce que le vieux démon de la discrimination raciale surgit : les forces armées informèrent la Croix Rouge Américaine que le sang des « gens de couleur » ne serait pas accepté. Ce qui indigna le D’Charles R. Drew au plus haut point et incita le journal de Chicago, Defender (26 septembre 1942), à écrire : « Le sang nègre est refusé, mais quand les terribles raids aériens sur Londres en septembre 1940 tuèrent et blessèrent des milliers de personnes, un appel urgent fut lancé à l’Amérique pour du plasma sanguin. Ce fut à un chirurgien noir américain que les médecins britanniques s’adressèrent pour l’envol du plasma sanguin en provenance des États Unis ». » Le même journal continue : « Le sang nègre n’est pas accepté, mais quand les Japonais ont bombarbé Pearl Harbor et mutilé des centaines de soldats et de marines américains, le sang qui a sauvé la vie à ces derniers a été collecté par un chirurgien noir ».

Cette appréhension du « sang nègre » s’explique, dans une large mesure, par l’ignorance et les mythes qui y sont généralement associés. La science nous apprend qu’en dehors des problèmes d’incompatibilité, le sang d’un individu d’une race donnée peut être transfusé à un individu d’une race différente. Néanmoins, à l’époque de Charles R Drew, on croyait à tort que le sang d’une personne de race noire contenait ses traits de caractère et qu’il pouvait même altérer la couleur de la peau d’un transfusé de race blanche. Nous sommes alors dans la première moitié du XXe siècle, en plein conflit mondial. Rappelons que c’est le moment où Adolf Hitler, dans son livre Mein Kampf revendique le mythe du sang pour fonder l’ordre nouveau : « Le même sang appartient au même empire ». » Que le mot « sang » soit employé ici au sens métaphorique n’y change rien. L’essentiel est qu’il serve de critère de sélection.

D’autres événements fâcheux du genre de celui que nous venons d’évoquer, ont profondément exaspéré Drew, mais ne l’ont point empêché de faire une fulgurante carrière médicale et scientifique. Les divers témoignages de reconnaissance à son égard ne le prouvent que trop. De nombreuses écoles à Washington, D.C., Wilmington, Delaware, Arlington, en Virginie, en Floride, Indiana portent son nom. En 1944, Charles R. Drew reçoit la médaille Spingarn de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) pour son travail sur le plasma sanguin. On lui décerna également le prix E.S. Jones pour ses recherches en médecine. Le Virginia State College lui conféra en 1945 un doctorat honorifique ès sciences. Le Collège d’Amherst l’honora de la même manière.

En 1946, le Dr Charles R. Drew fut élu membre du Collège international des chirurgiens. En septembre 1968, le Charles R. Drew Neighborhood Health Center commença à fonctionner dans la région de Bedford Stuyvesant de Brooklyn à New York. Un centre médical en Californie a pour nom Charles R. Drew. En 1977, le siège de la Croix Rouge Américaine à Washington, D.C., a été rebaptisé Charles R. Drew Blood Center. Le D’ Drew mourut, en 1950, des suites d’une hémorragie due à un accident de voiture. On prétend qu’il aurait eu la vie sauve si l’hôpital réservé aux Blancs avait accepté de le soigner.

Source : africamaat.com

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