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[CULTURE] AFRIQUE DU SUD : LE BIDONVILLE NE VEUT PAS DU MUSÉE DE L’APARTHEID

Huit ans après son ouverture, l’un des plus beaux musées d’Afrique du Sud dédié à la lutte contre l’apartheid est déjà à l’abandon. Parce que les riverains ne veulent pas de cette « maison pour les morts » quand eux-mêmes n’ont pas de toit.

Le Red Location Museum de Port Elizabeth (sud) a fermé très discrètement en octobre, alors que les habitants du bidonville voisin menaçaient d’attaquer les visiteurs tant qu’on ne leur aura pas construit des habitations décentes. Il est maintenant vandalisé et dépouillé, brique par brique.

« Nous habitons dans des baraquements qui sont inondés dès qu’il pleut. Pourtant, la municipalité dépense des millions de rands pour construire un musée », s’emporte Thembisile Klaas, représentant les habitants.

« Nous avons soulevé la question depuis le début, en 2005 quand ils ont commencé à construire ce musée. (…) Nous sommes opposés à ce musée depuis le début! », ajoute-t-il à l’AFP, accusant les autorités locales d’avoir oublié leurs promesses de logements.

« Pourquoi construire une maison pour les morts quand nous, les vivants, n’avons pas de toit au-dessus de nos têtes? »

Guides touristiques et sites internet vantent toujours le musée situé dans un township du nord de Port Elizabeth. « A voir absolument », encourage par exemple le Petit Futé, qui décrit « un trésor de la mémoire nationale et un écrin post-moderne de toutes les douleurs ».

Ouvert en 2006, le musée était censé s’intégrer dans les townships où il a été construit, et d’où est partie la lutte armée de l’ANC contre le régime ségrégationniste de l’apartheid en 1961. Il retraçait leur histoire et leur combat contre le pouvoir blanc, racontés à travers douze « boîtes de mémoire » abordant la vie des héros locaux, le jazz, la naissance des syndicats, les activités sportives…

-« C’est un fantôme ! »-

Comme les autres musées ouverts depuis l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud, le Red Location Museum était particulièrement prisé des enseignants qui y emmenaient leurs élèves par cars entiers.

« Ce bâtiment était très animé, et nous voyions beaucoup de touristes étrangers ici. Mais maintenant c’est un fantôme! », se désole un gardien.

Le grand bâtiment ressemblant à une usine est la cible de pillards qui le dépouillent méthodiquement de ses briques, équipements électriques, ampoules, tuyaux, gouttières, etc. 

Des vigiles gardent théoriquement le musée 24 heures sur 24, mais ils sont régulièrement menacés par des hommes armés, et leur surveillance est toute relative.

« C’est de pire en pire. La clôture a été coupée en plusieurs endroits et il n’y a pas d’éclairage. Même les bouches d’égout à l’extérieur ont été pillées », raconte le gardien sous couvert d’anonymat. « C’est dangereux, vous ne savez pas quand vous serez attaqué, puisque c’est sombre! »

Ne craignant visiblement pas les forces de l’ordre, les représentants des habitants du bidonville ont fait comprendre que le Red Location Museum restera fermé tant que la commune ne s’attaquera vraiment pas au problème du logement.

Ce à quoi le premier adjoint Chippa Ngcolomba répond que la ville s’en occupe. « Nous étudions toujours la situation pour trouver une solution à long terme », note-t-il sobrement, sans préciser quand il compte pouvoir rouvrir le musée.

Les collections sont pour l’instant encore intactes, témoigne le conservateur Chris du Preez: « Nous avons de la chance, car les voleurs n’ont pas encore mis la main sur des documents, dossiers et objets importants et précieux qui sont conservés ou exposés à l’intérieur. Ils volent des choses qui font partie de la structure du bâtiment. »

Mais le contenu du musée pourrait bientôt disparaître dans la nature lui aussi si des mesures de sécurité très strictes ne sont pas mises rapidement en place, s’inquiète-t-il.

Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2014/7/31/afrique-bidonville-veut-musee-lapartheid-260322.asp

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