CONDAMNÉS POUR S’ÊTRE ATTAQUÉ AU FCFA

Le FCFA est une devise garantie par le Trésor français, utilisé par 14 pays d’Afrique (Afrique Francophone). Ce Franc français est le gage de notre soumission à la puissance coloniale (France) qui se remplit aisément les poches par les sommes qu’elle tient pour garantie. En clair c’est tout simplement une monnaie de singe, un papier qui insulte notre dignité. Mais ça il ne faut surtout pas le dire, en tout cas, pas sérieusement, sinon, on s’attire les foudres du maître français et ses collabos africains.

Kémi SEBA, le panafricaniste dont la réputation n’est plus à faire est le dernier à en avoir payé les frais, mis sous mandat de dépôt à la prison centrale dakaroise, pour avoir dit non à l’imposture que représente le FCFA. Mais avant lui, beaucoup d’autres ont été victimes eux aussi de leur lucidité face à cette monnaie imprimée en France, à Chamalieres, une petite commune de 17 000 habitants, situé dans le Puy De Dôme a 3 km de Clermont-Ferrand. Le franc CFA, qui s’y frotte s’y pique 

La première personne à avoir payé au prix fort son opposition au FCFA est sans conteste Ahmed Sekou Touré (Président de la Guinnée Conakry). Dans la vie il y a ceux qui contestent en coulisses et ceux qui agissent. Le président Sekou Touré était de la deuxième catégorie. Souhaitant une indépendance totale pour son pays au soir des indépendances, il opta pour l’adoption d’une monnaie nationale. Un geste vécu par la France du général De Guaule comme un affront. Après avoir vainement tenté un coup d’État de concert avec les présidents ivoirien et sénégalais – comme par hasard- , la France, n’ayant pas pu destitué l’homme d’État, opta pour un retrait total de ses fonctionnaires et de ses crédits puis innonda le pays de faux francs guinéens, créant de fait une situation d’inflation terrible. Ce fût le prix de la dignité du peuple guinéen.

« Je préfère la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ». Sekou Touré

Mais au temps des indépendances, Sekou n’était pas le seul. Du côté du Togo, Sylvanius Olympio, premier président élu du pays lui aussi regarda le maître dans les yeux et refusa de céder à l’imposture, d’être un collabo. Il paya cet affront au prix fort. En effet, le 13 janvier 1963, juste quelques jours après le lancement de l’impression de la monaie nationale, il fut assassiné par le sergent Étienne Gnassimbé (ex-legionnaire français), adoubé par la France ce dernier restera 38 ans à la tête du pays et en fera une dictature.

Au Mali, c’est Modibo Keita qui passa à la trappe.‎ Pensant que le FCFA était un outil du neo-colonialisme, il retira son pays de ladite monnaie. Dès 1962, le 30 juin pour être précis, le premier président élu du Mali décida de créer le franc malien. Six années plus tard, le 19 Novembre 1968, le lieutenant Moussa Traore, ex-legionnaire français sera mandaté par l’Elysée pour le destituer. Modibo Keita, incarcéré, mourra neuf ans plus tard, dans des circonstances encore sombres à ce jour.

Au Burkina Faso c’est Thomas Sankara qui y est passé. Idole de tout une génération est sans doute celui qui a le plus dérangé l’Hexagone. Sankara était opposé au Franc CFA et au paiement de la dette des pays africains. Pour lui, cette dette était aussi injuste qu’illégitime. À propos du FCFA, il déclarait «Le Franc CFA a, lié au système monétaire français est une arme de la domination française», concernant la dette, il se faisait encore plus radicale. « Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés, ce sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer. ». ‎Mais étant doté d’une lucidité criarde, il ajoutait, « Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence! ». Cette fois, Blaise Compaoré, commis de la France et aidé par les collabos Houphouet Boigny et Gnassimbé, se chargea d’eliminer le panafricaniste et s’installa à la tête du pays pour une dictature longue de 27 années.

Plus récemment, en 2011, le guide libyen fut éliminé pour ses élans souverainistes africains. Mouammar Kadhafi était partisan d’un nouveau modèle politique en Afrique, il militait pour la création des États-Unis d’Afrique. Mais la France pouvait compter sur un autre collabo, sans doute le meilleur, Omar Bongo, qui s’opposait à la création de cette entité politique nouvelle, sous le prétexte qu’il ne saurait perdre sa qualité de président au profit de celle de gouverneur par exemple. Ce dernier mort, la France se devait de trouver une solution plus radicale pour se débarrasser de Kadhafi. D’après des conversations révélées de Hillary Clinton, Mouammar Kadhafi détenait une réserve de 143 tonnes d’or et une quantité semblable d’argent. Cet or aurait été accumulé dans le but avoué de créé une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen, afin de proposer une alternative aux pays de la zone franc.

Si rien n’est fait, si l’Afrique ne se lève pas, à cette longue liste, devra être rajouter le président du Tchad, Idriss Deby Itno. Il est de ceux qui, aujourd’hui, ont décidé de porter haut le flambeau de la dignité africaine.

« Le franc CFA est certes un facteur d’intégration très important, mais nous n’avons pas la possibilité de placer ne serait-ce qu’une partie de nos ressources dans le circuit bancaire pour qu’elles génèrent des intérêts. Les sommes en jeu se chiffrent en dizaines de milliards » Idriss Deby

Continuerons nous de rester dans le confort de nos salons, en laissant les nôtres périr pour avoir dit non à la domination française?

Brûler un billet est peut-être illégal pour certains, mais lorsque Rosa Parks décida de ne point céder sa place à un blanc dans le bus, c’était aussi un acte illégal. ‎Le combat de la liberté et de la dignité ne se fait pas avec des gants.‎

NegroNews ‎

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