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BRÉSIL: COMMENT LES ESCLAVES NOIRS ONT INVENTÉ LE DRIBBLE

  • Par 1oo312ksa
  • 3 Années
  • SPORT

Quand on pense football, on pense au Brésil et à tous les génies du ballon rond qu’a offert ce pays. Il faut dire qu’au pays du football, ce sport n’en n’est pas un en réalité, c’est tout simplement une religion. Et justement à ce titre, il s’exprime differement. Sa singularité se trouve en un seul mot, le « DRIBBLE ». Le dirbble c’est cette feinte, cette malice dans le jeu, cette façon de se mouvoir autour du ballon qui permet d’effacer son ou ses vis-à-vis. Au Brésil on l’appelle le « Joga Bonito », le beau jeu. Mais comment explique t-on que les brésiliens ont autant de faciliter avec un ballon? Comment explique t-on qu’ils donnent à un simple sport une touche artistique qui séduit le monde entier? Pour répondre à ces questions, il faut faire un voyage dans le passé et remonter aux heures les plus sombres de l’histoire de l’humanite et singulièrement du peuple noir. En effet, le dribble qui marque la spécificité du football brésilien est né dans les années 1900, alors même que le Brésil venant tout juste d’abolir l’esclavage.

À cette époque, le football, venu d’Angleterre est un sport de blancs, pratiqué par bourgeoisie brésilienne (eh oui le football était un sport de bourgeois). Les noirs n’y ont pas droits, les portes des clubs leurs sont fermées, l’esclavage est abolie, mais le racisme est non dissimulé. Les mulâtre également sont sur le bas echel de la société. Pour l’elite blanche, le métissage est tout simplement une malédiction rien de plus.

Mais par amour pour ce sport magique, certains mulâtres à l’instar de Carlos Alberto ou Arthur Friedenreich, la première légende du football brésilien, prennent sur eux de se travestir pour paraître plus blancs et jouer au sein des grands clubs. Malheureusement personne n’est dupe, ils doivent donc faire face aux injures des spectateurs, mais mieux encore, aux attaques rugueuses de leurs adversaires blancs, hostiles à leur présence. Il faut donc trouver le moyen de rester sur le terrain et éviter au maximum de se faire blesser, c’est une question de survie, ainsi nait le dribble. Vous l’aurez compris, le dribble est frappé des son origine par un désir de survie, il faut sauver sa peau.

À ce désir de survie sur un terrain, va se greffer l’identité nègre d’alors (musique danse), c’est elle qui va donner ce sentiment de danse, de rythme, ce coup de rein qui va faire la différence. Il est marqué par deux éléments, d’abord il emporte une dimension personnelle en ce sens que, c’est l’occasion pour ces déchets de la société que sont les nègres et les mulâtre, de montrer aux blancs leur supériorité, c’est un moment de gloire, de prestige même, ensuite, il est caractérisé par la Malandrade, c’est une forme de malice, de vice, de roublardise, mais aussi de nonchalance. Les premiers dribleurs flamboyants étaient des descendants d’esclaves, des «malandros». Leur corps a longtemps été leur seule propriété. Il fallait donc trouver le moyen de déstabiliser l’autre sans commettre de crime, sans user de la force, c’était pour eux la seule manière de survivre, sur un terrain de foot comme dans la vie. D’ailleurs on dit de lui que c’est, au delà du football, un dribbleur-social.

Ici, on fonctionne au talent. On est donc loin de ce football originel, aérien, géométrique dans la science du placement, des systèmes de jeu. Ce qui compte c’est le beau geste, la portée artistique qu’on y ajoute, dribbler, c’est une expression sociale. Le porteur du ballon, à coup de passements de jambes, feinte de corps, de petits-ponts, de bluff surtout, se lance dans une forme de rapport intime avec son adversaire, une fois ce dernier effacé, plant sur place, c’est le graal, la jouissance la plus ultime.

Ce football là a tout simplement marqué l’histoire de ce sport de façon éternelle. De Pelé à Ronaldinho en passant par Garincha, Ronaldo, Neymar et bien d’autres, le Brésil a démontr qu’il était le pays du foot.

Malheureusement lorsqu’on regarde de plus près la carrière de ces footballeurs au fil de l’histoire, on s’aperçoit que finalement, ce jeu là, le Joga Bonito, ne s’accomode pas des règles déjà établies par le monde professionnel. Et là encore, il faut puiser dans l’essence même de ce football. C’est Olivier Guez, auteur du roman « Eloge de l’esquive » qui en parle sans doute le mieux.

« Le dribble est un geste de jouisseurs. Ces hommes flirtent sans cesse avec leurs limites, ce sont des types qui ne sont pas raisonnables, qui ne savent pas toujours s’arrêter. Ce n’est sans doute pas tout à fait un hasard si Garrincha s’est prêté à toutes sortes d’excès, des femmes à l’alcool, et s’il est mort à 49 ans. Idem pour Socrates, que le penchant pour l’alcool a également tué.

Plus récemment, les destins d’un Ronaldinho ou d’un Adriano vont dans ce sens, même s’ils sont bien moins tragiques. Leur talent est énorme, mais ils se sont tous les deux brûlés les ailes.

Il y a dans le dribble quelque chose de très beau, un esthétisme fou, mais il y aussi une vraie violence. Le dribble est à l’image du Brésil. Comme la société où il a émergé, c’est un geste sans cesse sur le point de rupture.

Ce qui a longtemps différencié le jeu brésilien du jeu européen, c’est d’ailleurs cette notion de prise de risque. Au Brésil, dans la vie comme dans le foot, on joue davantage qu’en Europe. Le plaisir, l’envie de faire le spectacle, de tromper l’autre, passe avant toute chose. La donne est différente en Europe et en France. Regardez ce qui est arrivé à Ginola. C’était un joueur très fort techniquement, mais on ne lui a jamais pardonné une perte de balle…».

Il faut dire que l’impression d’insouciance ou de manque de pression que peuvent dégager des joueur tels que Dani Alves, Marcelo ou Ronaldinho quand il emerveillait la planète entière, sont le socle même de cette culture. Donner l’impression que c’est facile, qu’on manie le ballon avec des mains et non des pieds, c’est cela le Joga Bonito.

Vous l’aurez compris, le dribble, ce geste irrévérencieux n’est pas anodin, si aujourd’hui il a été, du fait de l’evolution de l’histoire, dépossédé de sa portée sociale, il est tout de même de bonne intelligence de rappeler que, là encore, dans la douleur, l’homme noir a su relever la tête et créer de la valeur ou il n’y avait que désolation, injustice. Nous, noirs d’aujourd’hui devons nous inspirer de cela. ‎

NegroNews

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