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Afrique : Où en est la lutte contre les violences faites aux femmes ?

Le 25 novembre a été décrété « Journée mondiale de luttes contre les violences à l’égard des femmes ». Nous avons décidé de faire un tour d’horizon de la situation des femmes sur le continent africain, rythmé par les crises politiques et les guerres au cours desquelles ces dernières paient parfois le plus lourd tribu. 

En Guinée et au Soudan

Le 22 novembre dernier, la Fédération internationale des droits de l’homme a publié un rapport qui faisait état de l’impunité des crimes commis en période de crise. En effet, justice n’a toujours pas été rendue aux victimes des exactions du 28 septembre 2009 en Guinée, qui ont fait 157 morts et une centaine de femmes violées.  La même réalité s’observe au Kenya, les responsables des violences sexuelles pendant la crise post-électorale de 2007 demeurent impunis.

Daisy Schmitt, responsable des droits des femmes à la Fédération internationale des droits de l’homme déplore un manque de volonté politique. « Compte tenu du contexte politique, les dirigeants n’ont pas forcément intérêt à faire avancer ces procédures. Comme dans le cas du Soudan, où ce sont les responsables des crimes de masse qui ont été commis qui étaient à la tête de l’État », explique-t-il.

En Libye

Si les pouvoirs politiques ne semblent pas enclins à se saisir du problème, des initiatives collectives émergent du camp des citoyens. En Libye, à partir de ce 25 novembre une campagne de dix jours, menée par Fadwa al-Aawar, présidente de l’ONG Al-Kamel, se tiendra pour sensibiliser les femmes sur leurs droits.

Elle décrit la situation particulièrement délicate des femmes en zones de conflits : « Les femmes sont victimes de violence verbale et physique. Elles subissent les menaces des hommes armés… Elles subissent encore plus de violence dans le conflit libyen en raison du chaos et de l’absence de l’état de droit. Nous avons remarqué que cette violence a beaucoup augmenté depuis 2011. Lors des combats, les belligérants considèrent les femmes comme des proies, des possessions, et elles ne sont plus traitée en tant qu’être humain. Les cas d’enlèvements, de viols, de séquestrations et de divorces en raison de violences conjugales se sont multipliés ».

« Nous, nous agissons, avec nos humbles moyens, contre cette violence, et cette année, nous menons une campagne télévisée. On informe les femmes sur leurs droits à se défendre. Nous encourageons les Libyennes à s’insurger pour dénoncer cette violence. Nous sommes cependant confrontés à des problèmes :  dans la société libyenne, les femmes craignent de parler et préfèrent se taire », ajoute-elle.

Ghana, Nigeria et Kenya

Au Ghana comme au Nigeria, début octobre, la publication du reportage « Sex for grade » a permis de délier les langues autour de la question du harcèlement sexuel dans le cadre académique, et a exposé aux yeux de tous les pratiques d’un collectif d’enseignement qui ont depuis été démis de leurs fonctions.

Depuis le 19 novembre, les étudiants kenyans ont lancé 60 jours d’action contre le harcèlement sexuel sur les campus scolaires. Cette initiative inédite survient un mois après la publication d’un sondage auprès de 1 000 étudiants qui a révélé que la moitié des femmes et un quart des hommes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel par un employé de l’université, en majorité un professeur.

La campagne vise à obtenir une série de mesures standardisées dans toutes les universités du pays : une sensibilisation pour les nouveaux inscrits, des formations annuelles pour le personne, l’ouverture d’un bureau spécial dans chaque université ou encore la création d’un comité d’enquête spécialisé dans le harcèlement sexuel.

Les défis que doivent relever les acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes sont grands, mais de telles initiatives émanant de surcroit de la jeunesse sont des indicateurs d’espoir quant à l’amélioration des rapports entre les genres sur le continent.

 

Annabella Kemayou

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