LES AFRICAINS SE MÉFIENT DE PLUS EN PLUS DE LA FRANCE

D’après une récente étude rendue public en février dernier, la France est reléguée à la cinquième place dans le classement des puissances jouissant d’une meilleure image auprès des leaders d’opinion en Afrique francophone. Elle est même devancée par l’Allemagne qui continue sa percée en Afrique.

Paris perd du terrain en Afrique

La France perd de son influence en Afrique francophone, tandis que l’Allemagne en gagne. Selon le nouveau baromètre du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), publié le 7 février, le pays d’Angela Merkel bénéficie de la meilleure image auprès des leaders d’opinion d’Afrique francophone : sur 1 244 d’entre eux interrogés, 45 % ont cité l’Allemagne.

La France ne vient qu’en 5e position, avec 21 % d’opinions favorables, et se classe derrière, dans l’ordre, la Chine, les États-Unis et le Japon. Edgard Kpatindé, spécialiste en intelligence économique et des échanges économiques en Afrique de l’Ouest et centrale, a analysé les raisons qui pourraient expliquer ce recul de l’ancienne puissance coloniale sur le continent.

Selon lui, « la France souffre d’énormément de choses. Il y a l’usure dans les relations franco-africaines. Il n’y a plus le génie qui caractérisait l’esprit français. Les idées ne se renouvellent plus. Lorsque vous êtes persuadé que telle partie du globe vous appartient, vous ne faites plus aucun effort pour vous adapter aux dynamismes des sociétés ».

« La vision française est restée statique »

« La France oublie que les sociétés africaines sont dynamiques, qu’elles bougent. La vision française est restée statique. Mais les grandes entreprises françaises sont toujours présentes sur le continent », ajoute-il.

Le spécialiste des problématiques africaines explique ce nouvel intérêt de l’Allemagne pour le continent noir par la recrudescence de la crise migratoire qui inquiète l’administration Merkel. L’objectif recherché par Berlin est donc « une nouvelle forme de coopération qui pourra maintenir les jeunes candidats au départ chez eux ».

« Il y a aussi une préoccupation liée au sentiment antifrançais qui se développe sur les réseaux sociaux, et même chez certaines élites africaines. Cela créé un environnement hostile à tout ce que la France entreprend. L’Allemagne en est bien consciente aussi ».

Ce qui distingue les marques allemande et française

D’après l’expert béninois, ce qui fait la différence aujourd’hui entre la France et l’Allemagne, c’est que cette dernière rassure. « Elle est très rationnelle et n’est pas dans le paternalisme. L’Allemagne profite des erreurs que les Français ont commises et adapte sa coopération avec les pays africains. Les Allemands ont l’organisation et la méthode de travail », soutient-il.

La France pâtit aussi de l’image qu’elle donne auprès des nouvelles générations africaines, surtout en ce moment de grandes polémiques sur le franc CFA. « Le mouvement antifrançais, qui a commencé il y a une dizaine d’années, remet en cause les fondamentaux des relations franco-africaines, comme la monnaie, explique Edgard Kpatindé. Mais pour ma part, je pense que les choses sont plus compliquées que cela ».

La stratégie du président Emmanuel Macron employée pour rompre avec les relations sulfureuses de la Françafrique et impulser une diplomatie économique plus vertueuse, peinent à produire les résultats escomptés. « Il y a peut-être une volonté, mais le constat est là : cela ne marche pas pour le moment. La méthode de travail, la France ne l’a plus sur le continent et cela favorise l’émergence d’autres puissances, comme l’Allemagne », constate M. Kpatindé.

NN

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