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[ACTUALITÉ] POURQUOI L’ANGOLA GÈRE D’UNE MAIN DE FER L’IMMIGRATION

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et huit ONG ouest-africaines dénoncent de graves violations des droits humains commises en Angola à l’encontre de personnes migrantes. Depuis le 19 décembre dernier, l’état angolais a procédé à plus de 3000 arrestations de ressortissants africains dans la capitale Luanda et plusieurs villes angolaises. Puissance pétrolière d’Afrique centrale et du Golfe de Guinée et souvent cité pour sa réussite économique l’Angola est montré du doigt en raison d’une lutte sans merci contre l’immigration jugée illégale.

Depuis 2011, l’immigration africaine a changé de cap. L’Europe frappée par la crise marque le pas. C’est désormais vers leur propre continent convoité pour ses nombreuses potentialités que les émigrés africains se tournent. Leur eldorado se nomment l’Afrique du Sud, le Mozambique et l’Angola. Mais derrière le rêve se cachent une dure réalité à laquelle les ressortissants africains venus nombreux en Angola sont confrontés. Le pays souvent cité en exemple à la faveur de ses résultats sur le plan économique enviables a connu des années de guerre civile. Mais depuis le retour de la paix en 2002, l’Angola attire les investisseurs grâce à un vaste programme de réformes et de reconstruction des infrastructures. Le miracle angolais, le pari d’une Afrique moderne, derrière ce tableau idyllique, l’Angola cache une facette plus sombre. Le pays lutte implacablement contre l’immigration jugée illégale. Il s’agit d’une priorité pour les autorités angolaises qui espèrent ainsi garantir in fine la stabilité et le développement du pays. Depuis le 19 décembre dernier, 3045 personnes de 35 nationalités différentes ont été arrêtées à Luanda et dans 17 villes angolaises. 884 personnes ont ensuite été gardées en détention. Dans un communiqué, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) dénonce ouvertement « une traque des émigrés » et alerte la communauté internationale « sur des arrestations et détentions arbitraires, des traitements cruels et inhumains sur plusieurs ressortissants africains. »

Au regard des arrestations massives ces derniers jours et des violations des droits humains dénoncées par les ONG, il semble que la lutte contre l’immigration illégale soit devenue pour le pouvoir angolais une obsession dont l’épicentre se situe au Cabinda avant de se propager partout ailleurs dans le pays. Il y a deux ans, le Ministère de l’Intérieur et du Service de Migration et Etrangers (SME) a inauguré un Centre de Détention d’Etrangers à Mbaca et un nouveau poste frontalier à Yema, deux villes de Cabinda. L’enclave riche en pétrole située entre le Congo-Brazzaville et la République Démocratique du Congo est isolée et placée sous très haute sécurité. La zone vitale pour l’économie angolaise produit 60% de la production pétrolière nationale estimée à 1,7 million de barils/jour en 2007. Les revenus tirés de la production pétrolière au Cabinda représentent 42 % du PNB de l’Angola, et 90 % du budget de l’état. De part sa situation géographique, le Cabinda attire une forte immigration des pays voisins notamment, ce que l’état angolais ne saurait tolérer, déjà sous pression d’un mouvement séparatiste, le Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC). Depuis plusieurs décennies, celui-ci mène une lutte acharnée contre le FLEC né de la fusion de plusieurs organisations séparatistes en 1974. D’ailleurs Le 8 janvier 2010, le FLEC s’est sombrement illustré en attaquant un bus de l’équipe nationale de football du Togo pourtant escorté par des soldats angolais qui se rendait au Cabinda pour la Coupe d’Afrique des Nations 2010 (CAN) organisé par l’Angola. Bilan de cet attentat: deux morts et huit blessés. Jusque-là inconnu, le Cabinda est sorti de l’ombre et de l’indifférence internationale

Tandis que les ONG se mobilisent pour dénoncer les violations des droits humains dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale de l’état angolais qu’elles qualifient de « rafles », des centaines d’émigrés africains sont détenus dans des camp de rétention pour migrants au Cabinda et à Trinida proche de la capitale Luanda. Une situation qui provoque un tollé international. Les autorités guinéennes ont promis de porter « le débat sur l’immigration de leurs compatriotes vers l’Angola au plus haut niveau ». Plus de 800 ressortissants guinéens ont été placés en détention et de nombreuses exactions et violences à leur encontre ont été rapportées. La FIDH a demandé une réaction sans appel de l’Union africaine et des états africains d’où sont originaires les migrants interpellés en Angola ces derniers jours, la Guinée, la Mauritanie, le Sénégal et le Mali). Mais l’ex-colonie portugaise dirigée par José Eduardo dos Santos âgé de 70 ans, au pouvoir depuis 1979, pèse lourd sur le plan diplomatique. Membre de plusieurs organisations sous-régionales, la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée (CGC), l’Angola est perçue à juste titre comme une puissance pétrolière et militaire notamment dans la région des Grands Lacs et les autres zones de conflits dont la RCA à qui le président angolais a fait un don d’un milliard de Fcfa disparu mystérieusement des caisses centrafricaines. Face à ce constat, il est peu probable que le pouvoir angolais renonce au durcissement de sa politique contre l’immigration. Il est peu probable également que les états concernés par les violations des droits humains commis par l’Angola sur leurs ressortissants, mène une riposte diplomatique consensuelle.

Source : http://afriqueinside.com/angola-pourquoi-cette-lutte-implacable-contre-limmigration28122014/

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