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[ACTUALITÉ] NIGERIA: GROGNE CONTRE LES PÉNURIES DE CARBURANT CHEZ LE PREMIER PRODUCTEUR DE PÉTROLE AFRICAIN

Des entreprises ferment, le trafic automobile s’effondre, les générateurs d’électricité et même certains avions de ligne ne sont plus ravitaillés: le Nigeria, premier producteur de pétrole africain, connaît depuis plusieurs semaines des pénuries de carburant qui semblent parties pour durer.

La première économie d’Afrique extrait deux millions de barils de brut par jour mais doit importer l’essentiel de ses carburants à cause de ses faibles capacités de raffinage – une situation que les observateurs imputent à la corruption et la mauvaise gestion.

Pour rendre les carburants abordables, le Nigeria a gelé le prix du litre d’essence à 87 naira (39 centimes d’euro), moins que le prix du marché. Du coup, les importateurs de carburants comptent sur les subventions gouvernementales – un programme notoirement gangrené par la corruption – pour combler la différence. Mais quand le gouvernement arrête de payer, comme en ce moment, la pénurie s’installe, créant la panique.

« Beaucoup de sociétés ont fermé parce qu’elles ne peuvent plus se fournir en diesel pour alimenter leurs usines », alors que le misérable réseau électrique public est incapable de répondre à la demande, explique Musa Yusuf, de la Chambre de commerce et d’industrie de Lagos. « Tant que la situation ne sera pas réglée, les entreprises pourraient être forcées à licencier ».

Régler cette crise sera la première tâche du nouveau président Muhammadu Buhari, qui entrera en fonction le 29 mai.

Les automobilistes sont les premiers concernés par les pénuries, patientant interminablement devant les stations-service des grandes villes.

A Lagos, la capitale économique, les conducteurs abandonnent leurs véhicules les uns après les autres, décongestionnant le trafic habituellement dantesque de la mégapole mais entraînant le doublement des prix de la plupart des transports publics, pendant que les vendeurs officiels et officieux de carburants font de bonnes affaires, vendant le litre d’essence 140 nairas (63 centimes d’euro) – bien au-dessus de la limite légale de 87 nairas.

Rasaq Olamitoye fait la queue depuis plus de 24 heures devant une station-service d’Awolowo Road, une grande artère huppée de Lagos. « J’ai dû dormir dans la voiture parce que je n’ai plus assez d’essence pour quitter la queue. Il n’y a pas d’espoir car la station-service ne vend rien », soupire-t-il.

« C’est une honte qu’un pays pétrolifère comme le Nigeria connaisse toutes ces difficultés », grogne un autre automobiliste.

A l’aéroport de Lagos, les passagers ont été prévenus jeudi que tous les vols intérieurs étaient retardés, par manque de kérosène.

En janvier 2012, le gouvernement avait voulu supprimer les subventions aux carburants, provoquant le doublement des prix avant de rétropédaler face à de violentes manifestations de dizaines de milliers de personnes, qui s’étaient soldées par une douzaine de morts.

– ‘La pénurie va perdurer’ –

Selon les syndicats du secteur pétrolier, la crise a éclaté parce que le gouvernement nigérian, à court de liquidités depuis l’effondrement des cours du pétrole, doit 200 milliards de nairas (environ 904 millions d’euros) d’impayés aux importateurs de pétrole.

Le mois dernier, le ministre des Finances Ngozi Okonjo-Iweala avait assuré que les importateurs avaient déjà perçu 156 milliards de nairas (environ 704 millions d’euros). Mais les dépôts de carburants ont été fermés jusqu’au paiement intégral de la dette, les conducteurs de camions-citernes étant empêchés de faire le plein pour approvisionner les stations-service.

Un autre problème aggrave encore la situation: les syndicats du pétrole sont furieux de la vente, réalisée par une filiale de la société pétrolière nationale, de deux blocs pétroliers à des investisseurs privés, estimant que la transaction n’a pas respecté les procédures officielles et demandant son annulation.

Neconde Energy Limited, société privée ayant investi dans un des deux blocs, assure n’avoir commis aucune infraction en achetant 45% de son bloc, dont les 55% restants appartiennent toujours à l’Etat.

« Pour l’instant, il n’y a eu aucun effort sérieux du gouvernement pour régler ces deux problèmes (paiement de la dette aux importateurs et vente des blocs pétroliers), et la pénurie va donc perdurer », estime Tokunbo Korodo, du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel (NUPENG).

Babatunde Oke, porte-parole d’un syndicat d’employés du pétrole, le PENGASSAN, a promis qu’une grève illimitée va interrompre la production des deux blocs pétroliers litigieux.

AFP

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