[ACTUALITE] L’AFRIQUE BIENTÔT LE NOUVEL ELDORADO DU LUXE

L‘étude réalisée chaque année par le cabinet immobilier Knight Frank intègre les hommes et les femmes du monde entier au patrimoine minimum de 30 millions de dollars, soit près de 22 millions d’euros. Pour la prochaine décennie, leur nombre va croître de 53% en Afrique, passant de 1868 en 2013 à 2858 en 2023 tandis que le nombre de milliardaires africains va augmenter de 52%. C’est la plus forte progression mondiale mais leur nombre resterait faible si on la compare aux autres continents. Il faut en effet savoir qu’en 2023, ces millionnaires devraient être plus de 73 000 en Europe, environ 58 000 en Asie, 52 536 en Amérique du Nord et 13 711 en Amérique Latine.

Les experts sont confiants dans le potentiel de l’Afrique

Pour la période 2013-2023, la Côte d’Ivoire arrive en troisième position avec une hausse de 116% du nombre de millionnaires. Quatre autres pays africains figurent dans le top 10 : la Tanzanie, l’Ethiopie, le Ghana et le Nigéria. Dans le classement par ville, seules Nairobi et Marrackech figurent parmi les trente premières. Ces chiffres vont de pair avec les prédictions du FMI pour l’économie de l’Afrique subsaharienne, à savoir une croissance de 5,7% par an jusqu’en 2018 contre 4,7% par an pour les cinq années précédentes. Ouliana Vlasova, chef analyste pour WealthInsight, prévient : « Le potentiel africain ne doit pas être sous-estimé ». La croissance économique est plus rapide pour les pays d’Afrique subsaharienne que pour la majorité des pays développés mais, précise Ouliana Vlasova, « et les infrastructures doivent être mises en place avant d’espérer toute création significative de richesse ». Celle-ci passe également par la stabilité du système bancaire local. « Dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou l’Ethiopie, la forte croissance du PIB ne s’est pas traduite par une augmentation du nombre de millionnaires à cause de la faiblesse du système bancaire », ajoute-t-elle. De même au Zimbabwe, la remise en cause des droits de propriété a eu un impact négatif sur la croissance du pays.

Un cercle vertueux se dessine

Le continent africain bénéficie d’un fort essor démographique. En 2020, sa population équivaudra à celle de l’Inde ou de la Chine. Au Nigeria, première puissance économique africaine, « la forte croissance démographique associée à la jeunesse de la population soutient la croissance économique. Le nombre de millionnaires au Nigéria va presque doubler dans la décennie », d’après Jim O’Neill, ancien président de Goldman Sachs Asset Management. Mark O’Donnell, homme d’affaire zambien, est bien plus optimiste pour le futur de son pays aujourd’hui qu’il y a quelques années : « Le PIB s’est accru de 7% ces treize dernières années. Cela a créé de nouvelles richesses et une croissance rapide de la classe moyenne. Il y a plus de demandes pour les biens de consommation et de services, plus d’investissement dans le système de santé et d’éducation et des milliers de nouvelles maisons construites à Lusaka. Les attentes sont aussi plus élevées: les gens veulent de meilleurs boutiques, des centres commerciaux, travailler dans de meilleurs bureaux avec les mêmes standards que dans les pays développés. Pour les investisseurs immobiliers, ce boom crée des opportunités ». Lui-même est un constructeur immobilier qui développe plusieurs hôtels en réponse à l’essor du tourisme et des voyages d’affaires.

Une destination attractive pour les investisseurs étrangers

Le rapport distingue cinq capitales économiques africaines sur la base de leur dynamisme : Johannesburg suivie de Cape Town, à la troisième place le Caire puis Lagos et Nairobi. « Cette dernière est le plus important centre d’affaires entre la Méditerranée et Johannesburg », explique Anthony Havelock à la tête de l’agence Knight Frank de Nairobi. « Les compagnies internationales reconnaissent que c’est trop compliqué de diriger toutes leurs opérations pour le continent depuis l’Afrique du Sud. Google, JP Morgan Chase et Colgate-Palmolive ont déjà choisi Nairobi », poursuit-il. Suivis par des entreprises de télécoms étant donné la croissance des portables au sein de la classe moyenne. A ce propos, O’Donnell affirme : « Si vous m’aviez dit une décennie auparavant que presque chaque zambien aurait un mobile, je ne vous aurais pas cru. Maintenant il y a une couverture internet et mobile sur tout le territoire. Il y a des investissements massifs dans les infrastructures. De nouvelles centrales électriques sont en train d’être construites, elles nous permettront d’être auto-suffisants en énergie. C’est vital. Sans énergie, il n’y a pas de développement ». Toujours selon O’Donnell, les investisseurs occidentaux et en particulier le gouvernement anglais sont en train de rater le coche comme British Airways qui a arrêté de desservir Lusaka. Au contraire, les investisseurs chinois et brésiliens saisissent les opportunités dans des projets panafricains.

La consommation des biens de luxe va exploser en Afrique

L’étude montre aussi que les grandes fortunes africaines sont celles qui seraient le plus disposées à dépenser. Dans le classement des pays au potentiel de croissance le plus élevé dans le marché du luxe, on trouve parmi les dix premiers le Ghana, le Kenya, le Nigéria, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe. « A Londres en 2012, les nigérians ont été les troisième plus gros acheteurs hors résidents de l’Union Européenne », précise James Lawson, directeur du Ledbury Research. Bien que l’industrie du luxe soit embryonnaire en Afrique, ce marché représente près de 2 milliards d’euros et connaît une croissance à deux chiffres depuis 2010. Les marques internationales se limitent bien souvent à l’Afrique du Sud pour l’instant mais le secteur garde un oeil sur l’augmentation du nombre de millionnaires. « Porsche est prêt pour entrer sur le marché kenyan cette année », note Lawson. Fondateur de Jet Business, Steve Varsano nous apprend que « la demande en jets privés de pays comme le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud et l’Angola est forte ». L’Afrique dispose actuellement de 450 jets privés contre 1000 en Asie et 11000 aux Etats-Unis. Ce n’est qu’une question de temps pour que davantage de marques internationales de luxe misent sur le continent africain, à l’instar de Louis Vuitton, Gucci, Cartier ou Burberry qui y sont déjà implantées et y anticipent un avenir prometteur. Ces marques de renom connaissaient déjà l’attrait de cette clientèle africaine fortunée pour leurs produits puisqu’ils fréquentent de longue date les boutiques huppées des grandes métropoles internationales du luxe telles que Paris, Londres ou New-York.

Source: Lepoint.fr

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