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[ACTUALITÉ] FRANCE : UN MUSÉE VAUDOU OUVRIRA SES PORTES CET AUTOMNE À STRASBOURG

À Strasbourg, le collectionneur Marc Arbogast n’a jamais été aussi près de son but : le premier musée du vaudou (ou vodou) africain doit ouvrir en octobre 2013 dans le décor détonnant d’une tour de style néo-roman allemand. Riche de près d’un millier de pièces rapportées principalement du Togo et du Bénin dans la seconde moitié du XXe siècle, ce musée unique deviendrait le premier du genre en Europe. Le chantier débuté en août 2012 est désormais sur les rails, un prêtre vaudou est déjà venu protéger les lieux et la ville de Strasbourg a donné récemment son accord de principe pour soutenir le projet. De bon augure pour le musée, financé jusqu’à présent sur des fonds privés pour un montant tenu discret.

Patrimoine industriel strasbourgeois

Marc Arbogast, ancien PDG des brasseries Fischer, avait acheté dès 2008 un château d’eau à l’abandon dans l’objectif d’y présenter sa collection personnelle d’objets vaudou. Mais la réhabilitation privée du bâtiment, classé à l’inventaire des Monuments historiques, a pris du retard en raison de blocages administratifs. Si l’ouverture prochaine du lieu d’exposition ne fait plus de doute, les porteurs du projet sont encore à la recherche de financements publics pour ne pas en faire un musée privé. Les travaux d’aménagement pour ouvrir le lieu au public nécessitent, d’après Marc Arbogast, une rallonge de près d’un million d’euros. Les modalités d’une participation municipale restent aujourd’hui à définir. En gage de bonne volonté, l’adjoint au tourisme de la ville de Strasbourg, Jean-Jacques Gsell, a accompagné le collectionneur lors d’une visite inédite du chantier le week-end dernier, pour la presse et les personnalités du monde culturel strasbourgeois.

Construit en 1878 en même temps que la gare de Strasbourg, le château d’eau servait initialement de réservoir pour les locomotives à vapeur et de bains pour les cheminots, avant de tomber dans l’oubli. Sa réhabilitation mettra en valeur une pièce majeure du patrimoine industriel rhénan, typique de l’architecture allemande de style Guillaume II. A l’intérieur, le bâtiment rénové offrira 650 mètres carrés de surface utilisables sur les trois étages déjà existants et un nouvel entresol. L’architecte strasbourgeois Michel Moretti, spécialiste des monuments historiques, souhaite exploiter le caractère brut des lieux.

200 millions de pratiquants dans le monde

A partir des collections exceptionnellement riches de Marc Arbogast, le musée strasbourgeois veut se donner les moyens de comprendre le vaudou africain, en tant que culture et religion vivantes. Pour se faire, son équipe travaille en collaboration avec un réseau de prêtres au Togo, au Bénin, et au Nigéria, qui pourront intervenir à Strasbourg. Un prêtre béninois s’est déjà rendu sur place pour tenir une cérémonie rituelle de protection du musée et lui dédier un fétiche. Le futur directeur, l’anthropologue Bernard Müller, est lui-même un familier de la culture vaudou, qu’il a côtoyée durant son enfance au Togo. Il définit la religion vaudou comme un ensemble de pratiques liées au culte des ancêtres et qui peuvent viser à préserver l’harmonie du monde ou être déviées en sorcellerie. Le terme vaudou désigne « ce qui est caché, comme le sang », explique-t-il, un « principe invisible mais pourtant évident » qui anime la vie. Les prêtres interprètent « les signes que les Dieux disséminent dans la vie des gens », et utilisent des « outils spirituels », dans lesquels s’incarnent les divinités du panthéon vaudou. Les porteurs du musée sont également en discussion avec une trentaine de personnes dans la diaspora africaine d’Alsace pour mettre en avant la pharmacopée et les pratiques rituelles qui accompagnent la culture vaudou.

Deux cent millions de personnes pratiqueraient aujourd’hui des formes de cultes vaudou à travers le monde, souvent en combinaison avec les cultes monothéistes. Les cultes vaudou d’Afrique rurale se distinguent de ceux d’Amérique latine, des Caraïbes et de Louisiane, développés dans le contexte de la traite négrière et beaucoup plus violents. L’équipe du musée a choisi de se rapporter aux cultes d’Afrique de l’ouest, nés au cours du XVIIème siècle et qui y ont subsisté jusqu’à aujourd’hui malgré les évangélisations européennes. Marc Arbogast a constitué ses collections auprès des Ewés du Togo, des Fons du Bénin ou encore des Yoroubas du Nigéria, qui vénèrent les « orishas ». Le vodou réunirait aujourd’hui 50 millions de pratiquants sur le continent noir. Au Bénin, son culte est reconnu comme religion d’État.

Partenariat avec le Quai Branly

Le musée de Strasbourg a l’ambition de devenir un point de référence mondial sur la connaissance du vaudou africain et cible un large public. Nanette Snoep, conservatrice du musée du Quai Branly à Paris, sera en charge des expositions permanentes. Bernard Müller annonce également des partenariats avec plusieurs musées européens de renom, notamment le Linden-Museum de Stuttgart et le musée d’ethnographie de Genève. Au-delà du religieux, le musée entend mettre en valeur les dimensions culturelles et artistiques du vaudou, à travers des expositions temporaires et l’accueil d’artistes en résidence, des conférences, ou encore des ateliers thématiques théoriques ou manuels, aussi bien à destination de muséographes professionnels que de publics amateurs. Bernard Müller envisage aussi des expositions thématiques en résonance avec la région, par exemple sur la mystique rhénane. L’ensemble de la programmation sera bilingue pour toucher le public suisse et allemand.

En attendant d’investir leur nouveau château, la plupart des fétiches et autres masques-costumes egungun de Marc Arbogast sont conservées dans un lieu tenu secret au centre de Strasbourg. Une sélection d’objets de la collection est exposée jusqu’au 19 mai à la Fundacio la Caixa de Madrid.

Pour l’image qui sert d’illustration, il s’agit du musée, actuellement en construction.

Source : fait-religieux.com

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