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[ACTUALITÉ] AFRIQUE DU SUD: LES ETUDIANTS S’ATTAQUENT AUX STATUES COLONIALES

Les étudiants qui manifestent veulent en finir avec les inégalités dans le monde universitaire. Le mouvement pourrait se renforcer.

Plusieurs statues renvoyant à l’histoire coloniale, à Durban, Pretoria ou au Cap ont été dégradées ces dernières semaines. Plus que le retrait de ces statues de l’espace public, dont la présence est vécue comme un rappel insupportable de la domination coloniale passée, les étudiants veulent une « décolonisation » des campus.

Ils militent pour que davantage de Noirs soient présents parmi les professeurs et pour que les campus reflètent l’héritage africain du pays. Les revendications, non violentes, se sont cristallisées autour d’une statue de Cecil Rhodes, un magnat des mines britannique et fervent défenseur de la colonisation, surplombant le campus de l’université du Cap (UCT).

Depuis début mars, certains protestataires avaient enveloppé la statue de sacs-poubelle et d’autres l’ont bombardée d’ordures. Jeudi soir, les étudiants de l’UCT qui se réclament du mouvement « Rhodes must fall » (« Rhodes doit tomber ») ont obtenu gain de cause, une première dans le pays : l’université a décidé de retirer la statue, qui est tombée sous les vivats des étudiants.

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CHANGER LES PARCOURS UNIVERSITAIRES
« Les étudiants veulent la transformation de l’université », explique à La Croix Sharlene Swartz, sociologue à l’université du Cap. Ce processus renvoie à des demandes de changement social pour s’assurer de l’égalité entre Noirs et Blancs. « Ils veulent que les parcours universitaires changent parce qu’ils sont très européocentrés. Je pense que ces manifestations ont aussi mis sur le devant de la scène le manque de représentation de responsables noirs dans l’université. »

Depuis son lancement il y a un mois, le mouvement a déclenché une bataille rangée dans les médias sud-africains et sur les réseaux sociaux. Selon ses détracteurs, celui-ci est une créature du parti des Combattants de la liberté économique, une formation d’extrême gauche.

« Le mouvement a un but caché : d’abord, il efface la mémoire, (…) puis il y aura de la discrimination raciale et des meurtres. Nous, les blancs, nous nous sentons menacés », redoute Matthew Vorster, ancien élève de l’UCT, joint au téléphone par La Croix.

RENOMMER LES BÂTIMENTS ET LES RUES

La pétition de « Rhodes must fall » suggère d’enlever toutes les plaques et les monuments commémorant « les partisans de la supériorité de la race blanche » et de renommer les bâtiments et les rues du campus qui font référence aux figures de la colonisation.

Sharlene Swartz, qui avoue ouvertement son soutien à « Rhodes must fall », considère pour sa part que le mouvement « est social et non pas uniquement politisé ». Un ancien étudiant de l’université de KwaZulu-Natal de Durban a une opinion plus nuancée : « Je comprends le souci de la transformation mais je pense que cela introduit un mauvais précédent qu’un groupe de petite taille agressif puisse causer un tel chaos. »

LA CRAINTE DE VIOLENCES ET DU VANDALISME

Chaque camp tombe d’accord sur un point : le mouvement de vandalisme et d’exigence de retrait des statues pourrait se renforcer. « Je pense que les manifestations vont se poursuivre, mais j’ai peur que cela dégénère et que les mots racistes employés en ce moment se transforment en actes », confie cet ancien étudiant.

« Je ne pense pas que ’’Rhodes must fall” incite au racisme : l’Afrique du Sud a préféré ignorer ce problème de racisme ces vingt dernières années, au nom de la paix et de Nelson Mandela. Mais nous avons besoin de démanteler ces structures et ces fonctionnements racistes. Pas seulement des statues », estime Sharlene Swatz.

La sociologue pense que le mouvement possède les ressources nécessaires pour permettre à ses partisans d’obtenir gain de cause dans d’autres villes sud-africaines, sans violence.

Source :

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/En-Afrique-du-Sud-les-etudiants-s-attaquent-aux-statues-coloniales-2015-04-12-1301506

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